Soliloque autour de Toronto et des oeuvres d’art volées
Publié le 16 avril 2012 par manouane dans la (les) catégorie(s) Billet

Cet hiver, dans le cadre de mon travail, j’ai eu à me déplacer des semaines entières à Toronto. Si le travail en soi était fort intéressant, les soirs l’étaient beaucoup moins. L’hôtel était situé non loin de mon lieu de travail mais bien trop éloigné du centre-ville. De plus, il était coincé entre une autoroute et un centre d’achat. Bref, si je voulais apprécier mes séjours dans la ville reine, il me fallait trouver une alternative.
Dès la seconde semaine, j’ai pris soin de trouver une chambre au centre-ville, ce qui me permettait le matin de me payer le luxe de lire le Globe and Mail, distribué gratuitement à l’hôtel, en empruntant le métro jusqu’au travail – j’adore prendre les transports en commun. Et le soir venu, je m’amusais à choisir une station de métro au hasard pour y descendre et marcher tranquillement jusqu’à l’hôtel. Chemin faisant, je m’arrêtais dans un restaurant au hasard. Ainsi, j’ai découvert à pied certains quartiers de Toronto ainsi que leurs restaurants, ce qui me permettait d’oublier les inconvénients d’être loin de chez moi.
Toutefois, certains soirs, le froid et le vent rendaient mes randonnées improvisées un peu pénibles, tant et si bien que j’ai du trouver des alternatives à mes déambulations nocturnes sur les trottoirs de Toronto. C’est en regardant l’agenda des activités organisées par la chaîne de librairies Indigo que j’ai eu connaissance de la conférence que donnait Joshua Knelman, auteur d’un ouvrage d’enquête sur le marché des œuvres d’art volées. J’aime bien ces événements, organisés en librairies. Ils permettent de découvrir l’écrivain derrière les mots. En écoutant les auteurs, il est possible de comprendre certains éléments en lien avec un ouvrage que la lecture seule ne permet pas de saisir. Évidemment, c’est une activité de marketing, j’en suis pleinement conscient. Toutefois, considérant que pareille activité stimule la lecture, je considère qu’il s’agit d’une forme de marketing socialement acceptable.
Bref, ce soir-là, je suis rentré à l’hôtel avec deux exemplaires de son livre, intitulé Hot Art. Les deux copies étaient dédicacées par l’auteur, la première pour mon cousin Paul et la seconde pour moi.
Dans ce livre, Joshua Knelman présente le travail de plus de six ans d’enquête qu’il a mené sur l’univers du marché des œuvres d’art volées. Selon les chiffres compilés par plusieurs services de police, il s’agirait du quatrième plus important marché illégal après celui de la drogue, du blanchiment d’argent et des armes. Pour réaliser ce livre, il a rencontré tant des policiers et des enquêteurs que des voleurs spécialisés en la matière. Grâce aux témoignages qu’il a obtenu, il réussi à donner un portrait complet de ce marché qui s’étend de Londres à Alexandrie, en passant par Los Angeles, Toronto et Montréal.
Lorsque j’ai demandé à Joshua Knelman de dédicacer les livres, il m’a demandé pourquoi je m’intéressais à son ouvrage. Je lui ai répondu, à la blague, qu’étant donné que je songeais à débuter une collection d’œuvres d’art, je devais tout d’abord m’enquérir des dangers auxquels je m’exposais.
Après la lecture de ce livre, je comprends maintenant pourquoi ma blague ne l’a pas fait sourciller. Un ouvrage incontournable pour l’amateur d’œuvre d’art.
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Joshua Knelman
HOT ART
CHASING THIEVES AND DETECTIVES THROUGH THE SECRET WORLD OF STOLEN ART
Douglas & McIntyre, Vancouver, 2011, 314 pages