Soliloque autour de Serge Bouchard et de ses mamouths laineux
Publié le 31 juillet 2012 par manouane dans la (les) catégorie(s) Billet

Lorsque j’ai réalisé que le livre était présent pour la 22e semaine consécutive sur le palmarès Gaspard – Le Devoir, j’ai donné une très mauvaise excuse à ma conjointe pour sauter dans la voiture et débouler à ma librairie préférée (Gallimard sur St-Laurent, mais j’aime aussi Olivieri et la petite Librairie du Square) et me procurer le dernier ouvrage de Serge Bouchard, intitulé C’Était au temps des mammouths laineux. Je n’ai pas été déçu. J’ai complété la lecture le lendemain. Et c’est la tête remplie d’images aussi surprenantes que touchantes que j’ai refermé le livre et contemplé le magnifique autobus qui illustre la page couverture.
Ce livre est un recueil d’essais que Serge Bouchard a publiés dans différentes revues entre 2004 et 2011. En les organisant par thèmes, il donne à ces textes un continuum au niveau des idées et des histoires. D’emblée, je dois avouer que je ne suis pas un amateur des livres constitués d’articles précédemment publiés dans des périodiques. Souvent, l’intérêt tout comme l’impact de ces textes tend à diminuer rapidement avec le temps puisqu’ils sont souvent en lien avec le contexte dans lequel ils ont été écrits. Mais ce n’est pas le cas pour ce recueil. De plus, malgré le fait qu’il s’agit d’un recueil de courts essais, je dois avouer que j’ai plongé avec une facilité somme toute déconcertante dans ce livre. Bref, ce livre est voué à rester dans ma bibliothèque.
Il faut voir avec quelle ironie il raconte les déboires qui se sont abattus sur lui (L’itinéraire d’un enfant gâté par la malchance), ou encore, comment il tente d’expliquer à ses petits enfants comment la vie se déroulait lorsqu’il était jeune, alors que le mot activité n’existait pas (C’Était au temps des mammouths laineux). Et puis, sans tambour ni trompettes, preuve que le temps fait son œuvre, Serge Bouchard aborde aussi le délicat sujet de la mort, qu’il présente et décrit comme ce qu’elle est, à savoir une étape importante de la vie.
Au fil des textes, il est agréable de constater à quel point Serge Bouchard est capable de raconter et d’analyser en même temps. Chose certaine, il communique de façon fabuleuse sa curiosité pour l’Histoire, les cultures et les humains qui composent le Québec.
Ce livre m’a donné envie de lire : tous les livres de la série Lieux communs de Serge Bouchard et Bernard Arcand – il y en a sept en tout, tous publiés chez Boréal. Bernard Arcand a aussi écrit deux livres, Abolissons l’hiver! et Le Jaguar et le tamanoir, que j’ai réussi à trouver dans une bouquinerie. Et puis, plus tard, j’aimerais bien plonger dans des essais historiques à propos des Amérindiens.
Post scriptum : j’aime bien la dédicace de ce livre. Serge Bouchard y a écrit : « À Bernard, dont la vie me manque », en référence à son ami et collègue Bernard Arcand, avec qui il a réalisé les Lieux communs. En la lisant vite, il est possible de lire : « … dont l’avis me manque ». Intéressant n’est-ce pas?
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Serge Bouchard
C’ÉTAIT AU TEMPS DES MAMMOUTHS LAINEUX
Boréal, Montréal, 2012, 226 pages.