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Gilbert Lavoie : Blessures de guerre

Publié le 28 octobre 2010 par dans la (les) catégorie(s) Billet

Gilbert Lavoie : Blessures de guerre

Les blessures de guerre ne sont pas toujours apparentes. Lorsqu’un soldat revient d’une mission ou d’un conflit, il peut souffrir du syndrome de stress post-traumatique (SSPT), un mal sournois dont il est difficile d’évaluer la portée et l’étendue. Gilbert Lavoie, chroniqueur politique au Soleil, a recueilli des témoignages d’anciens soldats qui ont participé à différents conflits de par le monde et qui souffrent du SSPT. Avec cet ouvrage, à mi-chemin entre le récit et le reportage, il vise à faire connaître les problèmes que ces hommes rencontrent une fois de retour au pays. Car malgré leur statut d’anciens combattants, ils sont laissés à eux-mêmes et peu d’efforts sont déployés par le gouvernement canadien pour leur venir en aide.

Pour démontrer que le SSPT n’est pas un phénomène récent, Gilbert Lavoie présente le récit de Gilles Lamontagne, aviateur durant la Seconde Guerre mondiale qui a vécu plusieurs mois en captivité dans un camp allemand. Cinquante-six ans après son retour au pays, il présente toujours des séquelles des mauvais traitements dont il a souffert durant son incarcération. Par exemple, la vue d’un chien lui est profondément désagréable car les soldats allemands s’en servaient pour contraindre les prisonniers à accélérer la cadence.

Puis, viennent les récits de soldats ayant participé à différents conflits, en Bosnie, en Croatie, au Rwanda ou en Afghanistan. Ils racontent ce qu’ils y ont vécu et décrivent les difficultés auxquelles ils font face aujourd’hui alors qu’ils tentent de reprendre une vie normale. Ils ont chacun leurs histoires, leurs souvenirs et leurs cauchemars, et doivent composer avec la frustration d’avoir été renvoyés de l’armée pour cause d’inaptitude après avoir donné le meilleur d’eux-mêmes.

Ces anciens combattants sont non seulement en proie à de graves troubles psychologiques, mais en plus, ils sont laissés à eux-mêmes, le gouvernement n’allouant que très peu de services pour leur venir en aide. De plus, depuis 2005, plutôt que de verser une rente, le gouvernement procède par attribution d’un montant forfaitaire. Malheureusement, il est fréquent de voir des anciens soldats, encore sous le choc, dilapider leur argent et se retrouver sans le sous.

Il est possible de ne pas être en accord avec la décision du Canada d’envoyer des soldats intervenir dans de lointaines contrées. Toutefois, il n’est pas possible de rester insensible face à la souffrance qu’ils vivent une fois de retour au pays. Il est ironique de penser qu’ils ont réussi à survivre à tous les dangers alors qu’ils étaient en mission, et que c’est une fois de retour au pays que leur vie semble être plus que jamais en péril. En plus de composer avec un nouveau handicap, psychologique ou physique, parfois les deux, ils doivent combattre un système administratif qui aurait peut-être préféré qu’ils ne reviennent pas vivants et faire face à une société indifférente à leur problèmes. Ce livre contient de précieux témoignages afin d’éviter que le silence perdure sur cette tragique réalité.


Gilbert Lavoie
BLESSURES DE GUERRE
DES CAMPS NAZIS À L’AFGHANISTAN

Septentrion, Québec, 2010, 148 pages.

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