Chartrand, Vallières, Gagnon, Lemieux, Larue-Langlois : Le procès des cinq
Publié le 15 novembre 2010 par manouane dans la (les) catégorie(s) Brève

Durant la nuit du 16 octobre 1970, peu de temps après la promulgation de la Loi sur les mesures de guerre, Pierre Vallières, Charles Gagnon, Michel Chartrand, Robert Lemieux et Jacques Larue-Langlois seront arrêtés lors de rafles et accusés d’avoir pris part à « une conspiration séditieuse visant à un changement dans la Province de Québec, en préconisant l’usage de la force, sans l’autorité des lois » (p.9).
Durant leur procès, les accusés, sauf Jacques Larue-Langlois, vont assurer leur propre défense. Ils seront bien documentés – en prison, ils pouvaient consulter tous les documents légaux – et orienteront leur défense autour de trois axes bien précis, à savoir la récusation du juge Ouimet, le rejet de l’acte d’accusation pour cause d’irrecevabilité et la reconnaissance du caractère inconstitutionnel de l’application de la Loi sur les mesures de guerre, et donc de l’illégalité des accusations.
Il faut souligner que les cinq hommes sont habitués à parler en public et à défendre leurs idées. Pierre Vallières est un journaliste à la plume redoutable et auteur de Nègres blancs d’Amérique, un des chefs-d’œuvre de la littérature révolutionnaire universelle. Charles Gagnon, fils de cultivateur, enseigne la littérature et étudie la sociologie. Ces deux hommes étaient alors considérés comme les leaders idéologiques du Front de libération du Québec (FLQ).
Jacques Larue-Langlois, journaliste et ardent défenseur des droits des prisonniers politiques, avait rencontré Vallières et Gagnon alors qu’ils avaient été jetés en prison en 1966 à New York suite à une manifestation en faveur de l’indépendance du Québec devant le siège des Nation Unies. Robert Lemieux, fils de bonne famille et avocat, avait débuté sa carrière dans un grand cabinet d’avocats de Montréal et avait fait ressortir son côté délinquant en défendant un jeune felquiste, Rénald Lévesque. Et finalement, mais non le moindre, l’inénarrable syndicaliste Michel Chartrand, qui était alors président du Conseil central des syndicats nationaux, affilié à la Confédération des Syndicats Nationaux (CSN).
Ce livre contient les extraits les plus significatifs des notes officielles sténographiées lors des plaidoiries du procès des cinq accusés. Pour en faciliter la compréhension, le romancier Louis Hamelin signe une préface fort instructive où il introduit tous les éléments pertinents qui permettent de comprendre le contexte et saisir les tenants et aboutissants de ce procès. Ainsi, nul besoin d’être un spécialiste en droit ou en politique pour en apprécier la lecture.
Toutefois, hormis le fait que la crise d’octobre 1970 fête ses quarante ans et malgré le pedigree des individus impliqués dans ce procès, une question peut subsister dans l’esprit du lecteur : en quoi des plaidoiries devant un juge peuvent-elles s’avérer intéressantes? À cette question, deux réponses : premièrement, les sujets abordés durant ce procès sont toujours d’actualité. Il y est essentiellement question de politique et de justice, et la question du processus de nomination des juges y est même abordée. Deuxièmement, ces délibérations sont parfois franchement drôles. La preuve? Lors du lancement du livre, la maison d’édition Lux a invité le groupe d’humoristes Les Zapartistes à en faire la lecture sur la scène du Lion d’or. Et il y eut des supplémentaires pour répondre à la demande.
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Chartrand, Vallières, Gagnon, Lemieux, Larue-Langlois
LE PROCÈS DES CINQ
Préface de Louis Hamelin
Lux, Montréal, 2010, 139 pages.
Pourquoi ne pas en faire une vrai pièce de théâtre à partir de ce livre ; “Le procès des cinq” ?
Si Jacques Larue-langlois ne s’est pas défendu lui-même lors du procès des cinq , est-ce l’avocat Robert Lemieux qui l’a défendu ? Dans l’article de Manouane , celle-ci ne le précise pas . Salutations.