Robinson Crusoé, ou le plaisir de découvrir un classique de la littérature
Publié le 14 février 2011 par Alexandre dans la (les) catégorie(s) Brève

Pour le traditionnel dîner des Fêtes du bureau où je travaille, je n’ai pas pu échapper au douloureux échange de cadeaux. Je dis ‘douloureux’ car règle générale, personne n’aime mes cadeaux – j’offre des livres les seules choses que je connaisse un tant soit peu dans ce bas monde – et je crains d’avoir l’obligation de paraître aimer ceux qu’on m’offre….
Ma collègue qui était en charge d’organiser cette activité a eu l’idée d’imposer un thème autour du cinéma. Elle a ainsi sélectionné sans les révéler à quiconque autant de titres de films qu’il y avait de participants à l’échange – nous ne sommes que huit au bureau, ce qui simplifie les choses. Ainsi, un mois avant la date prévue, nous avons à tour de rôle pigé un titre de film. Personne ne devait dévoiler le titre de son film.
« Rocky I, II et III ». C’est le titre du film que j’ai pigé. Il fallait donc que je trouve un cadeau en lien avec ce film Rocky. Mais quel livre est-il possible de trouver qui soit en lien avec un film pareil? Et j’ai exposé la situation au préposé de ma petite librairie préférée, Gallimard sur le boulevard Saint-Laurent. À voir son visage, il avait l’air aussi déconcerté que moi. Après quelques recherches, il m’a mis entre les mains Le combat du siècle, de Norman Mailer (Folio). Je lis la quatrième de couverture :
En 1974, au championnat mondial de boxe poids lourds à Kinshasa, au Zaïre, Mohammed Ali affronte George Foreman, le tenant du titre. Le combat, organisé par Don King et récupéré à des fins politiques par le président Mobutu, a lieu dans une ambiance survoltée au milieu de 68 000 spectateurs. Les armes de Foreman sont le silence, la sérénité et la ruse. Jamais encore il n’a été battu. Ses mains sont le seul instrument qu’il possède : «Il les tenait dans sa poche comme un chasseur laisse son fusil dans un étui de velours.» Ali a pour lui l’intimidation, la rapidité, une intelligence tactique hors du commun et un charisme exceptionnel : «Je suis le maître de la danse, un grand artiste.» Leur rencontre est celle de deux volontés de fer, deux ego monumentaux.
Ce récit dense et magnétique couvre les semaines de préparation des deux champions assiégés par les médias du monde entier, jusqu’au combat lui-même.
Parfait. J’achète. Puisque je m’y suis pris à l’avance – ce qui est rare – j’en profite pour en lire un bout. Je me retrouve plongé dans le monde de la boxe, ce monde à la fois fascinant et barbare. Je me surprends même à lire au complet la page Wikipédia dédiée à la vie de Mohammed Ali. Malheureusement, je n’aurai pas le temps de terminer le livre avant la date du dîner.
En sortant du restaurant où j’ai passé l’après-midi en compagnie de mes collègues de travail, j’étais assez surpris d’avoir en poche deux livres, dont aucun n’était celui que j’avais apporté. En pigeant le titre du film Les Pirates des Caraïbes, une collègue avait décidé d’offrir deux livres.
Et le soir même, j’ai plongé dans le premier des deux livres, à savoir Robinson Crusoé de Defoe. Oui, le fameux Robinson Crusoé que tout le monde dit devoir lire. Première découverte : les aventures de Robinson Crusoé comporte trois parties, à savoir Les aventures de Robinson Crusoé, Suite des aventures de Robinson Crusoé et finalement Réflexions sérieuses de Robinson Crusoé. Selon la notice placée à la fin du livre, le premier tiers de l’œuvre « est de loin le plus connu et le plus intéressant ».
Seconde découverte : le vrai titre de l’œuvre. Le voici : La Vie et les aventures étranges et surprenantes de Robinson Crusoé de York, marin, qui vécut 28 ans sur une île déserte sur la côte de l’Amérique, près de l’embouchure du grand fleuve Orénoque, suite à un naufrage où tous périrent à l’exception de lui-même, et comment il fut délivré d’une manière tout aussi étrange par des pirates. Écrit par lui-même.
Et finalement, troisième découverte : ce livre est tout à fait étonnant. Surtout en ce qui a trait à la redécouverte par Robinson Crusoé de son besoin de croire en Dieu. À mesure que le temps passe, le personnage principal, qui est pourtant athée, se met à redécouvrir les Écritures Saintes et à développer sa relation avec une forme de transcendance. Franchement étonnant et agréable.
Quant au second livre, L’Île au trésor de Stevenson, je l’avais lu avec mon père alors que j’avais probablement 8 ou 9 ans. Je n’aurais pas du le relire. Dans mon souvenir, c’était mieux.
Cela dit, pour la première fois de ma vie, j’étais content du résultat d’un échange de cadeaux entre collègues. Et ça, ce n’est pas rien.