David Finkel : De bons petits soldats
Publié le 07 juin 2010 par Alexandre dans la (les) catégorie(s) Uncategorized

En 2007, alors que 67% de la population des États-Unis désapprouve la guerre en Irak, le président Georges W. Bush annonce les détails de sa nouvelle stratégie militaire. Baptisée Montée en puissance, elle consiste à déployer 30 000 soldats de plus au Moyen-Orient, même si l’opinion publique penche définitivement pour le rapatriement des militaires engagés là-bas. Parmi ces troupes se retrouvent les soldats du lieutenant-colonel Kauzlarich. Envoyé à Rustamiyah, à l’est de Bagdad, le bataillon originaire du Kansas aura pour mission de protéger la population locale et d’effectuer une surveillance contre les insurgés.
Pour raconter leur séjour, le journaliste David Finkel, l’un des rédacteurs en chef du Washington Post, sera envoyé avec le bataillon pendant un an, de 2007 à 2008. C’est un habitué de ce type de reportage, ayant déjà fait la couverture dans de zones de conflit en Irak, en Afghanistan et au Kosovo. En 2006, il a reçu le prix Pulitzer pour une série de reportages sur le Yémen.
David Finkel décrit le quotidien de ces soldats dont la principale tâche consiste à effectuer des patrouilles dans les environs de leur base et à rencontrer les villageois. Mais ces démonstrations n’intimident nullement les insurgés qui parsèment les routes empruntées par les convois militaires de pièges aux effets dévastateurs qui causent mort et blessures. La description de ces moments où les soldats sont attaqués figure parmi les plus saisissants du livre.
Qui dit guerre dit morts, mais aussi blessés, dont certains gravement. Ces derniers sont soignés au Brooke Army Medical Center de San Antonio, au Texas. Durant une permission, le lieutenant-colonel Kauzlarich rend visite aux soldats de son bataillon qui s’y trouvent. Dans ce chapitre, nul besoin de photographies pour comprendre la condition horrible de ces mutilés à vie.
Le livre est construit en respectant l’ordre chronologique des événements. Au début de chaque chapitre, David Finkel place toujours un extrait d’un discours de Georges W. Bush. Le choc entre les paroles et la réalité est assez percutant.
Écrit dans un style intense, ce récit permet de mieux saisir le quotidien des soldats étatsuniens envoyés en Irak et qui, à mesure que le temps passe, comprennent de moins en moins bien la raison de leur présence dans ce pays si éloigné de leurs douce compagne, de leur famille et de leurs amis.
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David Finkel
DE BONS PETITS SOLDATS
Robert Laffont, Paris, 2010, 331 pages.
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